En janvier, la processionnaire quitte son nid
Même en hiver, la lutte contre la processionnaire du pin est à envisager. Tour d’horizon des mesures de protection.
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Dès les premiers froids, et de façon confirmée en janvier, de grosses toiles blanches, épaisses et soyeuses, font leur apparition sur les conifères. Elles sont symptomatiques de la présence de la chenille processionnaire du pin, Thaumatopoea pityocampa. L’insecte colonise à présent les 3/4 du territoire français et pullule ponctuellement au point de devenir une grave problématique. Sa progression, à la faveur du réchauffement climatique, est constante vers le nord et en altitude. La processionnaire défolie les arbres colonisés, ralentit leur croissance mais est surtout connue pour les urtications qu’elle occasionne. Des milliers de minuscules poils volatiles sont en effet cachés dans des replis de peau et seront libérés au moindre danger. Les réactions peuvent aller de l’érythème au choc anaphylactique chez les sujets sensibles ou à cause de contacts répétés. Les animaux domestiques sont aussi concernés.
Pour bien lutter contre l’insecte, il faut intervenir de façon pertinente sur les différentes étapes de son cycle de vie. Or, depuis quelques années, ce cycle se dérègle. Il est de plus en plus précoce, variable, rendant ainsi complexe le suivi et la méthodologie de lutte.
En janvier, les derniers traitements de rattrapage au BTK (Bacillus Thuringiensis variétéKurstaki) peuvent encore avoir lieu, bien que moins efficaces, mais c’est surtout la saison de l’échenillage des nids et celle de la pose de pièges mécaniques.
Détruire les nids d’hiver
La maturité des nids d’hiver, à présent bien visibles, est conditionnée par la date de ponte et la climatologie. Dans les zones montagneuses ou à climat continental, on observe les nids les mieux formés et les plus épais très tôt en saison. Sur la zone méditerranéenne, les nids sont plus tardifs et moins tissés, mais janvier est, dans tous les cas, le mois où les derniers nids en formation font leur apparition. En revanche, la région Atlantique est celle où la disparité de maturité est la plus habituelle. On peut trouver sur un même arbre des pontes à des stades différents. Les chenilles présentes dans les bourses soyeuses sont alors urticantes. Le nid constitue leur habitation diurne, la nuit est réservée à l’alimentation. Il s’agit d’une enveloppe robuste dont la couleur capte les infrarouges solaires. Le nid est véritablement aussi urticant que les chenilles. Elles ne le quitteront définitivement qu’au moment des processions, qui auront lieu du mois d’octobre à fin mai suivant les régions et la climatologie.
L’échenillage est utilisé depuis toujours pour lutter contre la processionnaire à ce stade du cycle. Il est préférable d’utiliser des perches et des nacelles pour atteindre des hauteurs importantes. N’intervenez pas face au vent ! Il est impératif, avant toute intervention, de s’équiper de combinaison, masque et lunettes et de les retirer avec précaution pour éviter de redisperser les poils volatiles. L’échenillage se pratique dès le début de la ponte jusqu’après les processions. Attention ! Les risques allergiques, inexistants dans les deux premiers stades larvaires, iront crescendo jusqu’au moment de la procession.
Installer des pièges mécaniques
Si cependant des nids apparaissent ou subsistent, il faudra alors placer un piège mécanique sur le tronc de l’arbre infesté, afin de capturer et détruire les colonies au moment des processions. L’apparition du nid d’hiver est en effet le signal de pose du collier. Le collier garantit une bonne protection au moment du risque maximal, la procession. L’étanchéité parfaite du collier est gage de réussite pour ce piégeage de masse. En fonction du nombre de nids et de la conformation de l’arbre, il faudra accessoiriser le dispositif pour éviter tout risque de débordement. Il sera quelquefois utile de doubler la quantité de sacs de collecte (dès dix nids), voir de rehausser la hauteur du collier, afin de récolter le ou les milliers de chenilles alors présentes. Attention, toutes les processions ne se feront pas forcément au même moment (1 à 6 mois suivant les régions). Le retrait du sac collecteur se fera un mois après les dernières descentes, ou fin mai. Les nids urticants subsisteront encore quelques mois avant de se détériorer.
Autres mesures à prévoir pour le reste de la saison
L’installation de pièges à phéromones dès le début de l’été est indispensable pour diminuer les infestations. Installés le plus haut possible sur les branches de conifères infestés, leur taux de réussite maximal est de 40 %. Le piège à phéromone sert aussi à « monitorer » la processionnaire. La lutte par confusion sexuelle est une autre forme d’utilisation des phéromones. Diffusées en très grande quantité, elles couvriront les effluves sexuels des femelles. Même période et même résultats que pour les pièges à phéromones.
La pulvérisation de la molécule BTK est la méthode de lutte traditionnellement utilisée. Les pulvérisations se font depuis le sol, par canon atomiseur ou avec une lance. Elles devront avoir lieu en automne sur les trois premiers stades larvaires. Bacillus thuringiensis est « lessivable », vent, soleil, pluie peuvent en quelques heures le dégrader. Le bacille s’attaque au système digestif des chenilles et provoque leur mort. Homologué biologique, partiellement sélectif, son impact sur les abeilles est avéré. Il est donc conseillé de le réserver pour les années de fortes infestations.
En lutte alternative, il ne faudra surtout pas oublier les nichoirs à mésanges et les gîtes à chauve-souris, grands prédateurs de la processionnaire à tous les stades, ils sont nos alliés naturels, auxiliaires d’une lutte biologique réussie. Indispensables, ils prédateront aussi bien la pyrale du buis que les moustiques et tous les insectes indésirables du jardin. D’autres méthodes de lutte, par auxiliaires par exemple, sont à l’étude actuellement. Planter des écrans de feuillus devant des pinèdes est un moyen recommandé.
En matière de lutte, tout est affaire d’implication, d’écologie et de moyens humains et financiers, mais seule la combinaison raisonnée de ces méthodes permettra d’atteindre les meilleurs résultats en biocontrôle et de participer à l’objectif zéro phyto.
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